Le Mouvement d’Al Himma annonce du nouveau
Samedi dernier, c’était au tour de la région Rabat-Salé d’accueillir la troisième « rencontre d’échanges » du MTD. Un talk show où bien des les questions ont été posées...
SAMEDI 17 mai, il est 9 heures. L’espace très oxygéné « Les Chênes » ouvert dans la commune d’Al Aarjate bordant l’autoroute Rabat-Meknès est plus animé que d’habitude. Environ 1500 personnes (selon les organisateurs) y ont afflué de différentes localités de la région Rabat-Salé-Zemmour-Zaër pour mieux connaître ce fameux « Mouvement pour tous les démocrates » (MTD). Lequel se présente comme étant une entité « supra partisane » qui a été initiée après les élections législatives de septembre 2007 ayant connu un taux d’abstention alarmant.
Les participants étaient de différentes catégories socioprofessionnelles et provenaient de différentes localités : Khémisset, Tifelt, Roumani, Had Kourt... La capitale était également largement représentée. Dans cette rencontre, le MTD s’est proposé de se mettre à l’écoute de l’assistance. « Les Marocains ont soif d’expression et de parole sur leur problèmes », estime le chef de file du Mouvement, Fouad Ali El Himma.
En donnant la parole à ceux qui l’ont demandée, le MTD avait aussi ses messages à passer notamment à l’adresse de la presse qualifiée de « pressée » par Hakim Benchemmass. Ce dernier explique que le groupement « d’acteurs et de compétences de gauche et de droite » qui composent le Mouvement ne constitue pas un « mélange », mais traduit la « diversité ». Ce ne sera pas la seule clarification de la journée.
« Nous ne sommes pas une organisation angélique »
Le risque de voir des « gens sans scrupules et qui ont des antécédents pas très honorables faire usage du nom du Mouvement pour servir leurs intérêts égoïstes » a été également évoqué. Un avertissement qui a été lancé par plusieurs intervenants. Ceux-ci ont interpellé les meneurs du Mouvement au sujet des moyens qu’ils jugent adéquats pour la lutte contre ce qu’ils ont appelé « la dépravation ». « Le MTD ne sera pas une organisation angélique. Nous sommes contre l’usage et de l’argent et de la religion dans la politique », préviendra à ce propos Lahbib Belkouch, un défenseur des droits de l’Homme connu pour être un homme de gauche. Et d’ajouter en réponse à la question de savoir si le MTD ne risque pas d’avoir la même étiquette que celle collée aux organisations dites communément « associations des plaines et des fleuves » : « nous ne sommes pas là pour défendre les politiques gouvernementales ».
On notera surtout les indications très savantes concernant les devoirs que doivent assumer les promoteurs du MTD notamment dans le sens de la définition, selon les normes juridiques et constitutionnelles établies, des cadres organisationnels et idéologiques de leur action pour mettre fin au « suspense ». Lequel a, de l’avis de nombreux participants, trop duré. Une tâche délicate à laquelle seront confrontés tôt ou tard les membres du MTD et qui ne sera pas des plus aisées vu l’extrême diversité des références et des horizons des adeptes de ce mouvement atypique.
El Gahs à la tribune du MTD
Dans la rencontre d’Al Aarjate, la présence de nombreux cadres sportifs connus n’est pas passée inaperçue. Etaient notamment présents Aziz Daouda, l’ex- directeur technique de la sélection nationale de l’athlétisme, Hammadi Hmidouch, l’ancien entraîneur de l’équipe nationale de football ainsi que plusieurs athlètes dont notamment la gloire nationale Zahra Ouaaziz. A leurs côtés, il y avait des membres de plusieurs partis politiques comme le Mouvement Populaire, l’Union Constitutionnelle ou encore le RNI, représenté notamment par le ministre de l’Economie et des Finances, Salaheddine Mezouar. Mais on notera surtout la présence-événement du cadre socialiste Mohamed El Gahs, ex-secrétaire d’Etat à la Jeunesse dans le gouvernement de Jettou, et membre du Conseil national de l’USFP. El Gahs a été invité par le Bureau du MTD à prendre la parole du haut de la tribune réservée aux membres dirigeants de ce Mouvement. Participation notoire qui ne pouvait passer sans soulever un certain nombre d’interrogations sur les rapports de ce candidat à la présidence du plus grand parti de gauche du Maroc avec le Mouvement d’Ali El Himma. Interrogé par Le Reporter, M. El Gahs a répondu qu’il n’est pas membre du MTD et qu’il ne compte pas y adhérer dans le futur étant affilié à un parti politique où il assume une responsabilité. « J’ai participé à la rencontre du MTD parce que j’y étais invité en tant que socialiste démocrate membre du Conseil national de l’USFP à prononcer une allocution sur l’idée du socialisme ».
Tension autour de la question amazighe
Il y avait comme de la tension en l’air lorsqu’un intervenant a répliqué aux nombreuses interrogations concernant la question amazighe en estimant que cette question n’est pas prioritaire. Propos qui ont soulevé un tollé dans la salle. Les défenseurs de l’amazighité réclamaient le retrait de cette assertion qu’ils ont jugée préjudiciable à l’identité amazighe.
El Himma contre le « Maroc des quotas »
« Le Maroc d’aujourd’hui n’est pas celui des quotas », a souligné Fouad Ali El Himma, rejoignant par là l’opinion de plusieurs intervenants qui ont exprimé leur désapprobation de ce choix politique. Notamment une élue locale de la commune d’Agdal (Rabat) qui s’est attardée longuement sur son expérience électorale en stigmatisant avec des termes très violents le népotisme et le clientélisme qui caractérisent, à son avis, la mise en application du principe du quota lors des échéances électorales. Sur ce, on retiendra les reproches faits au MTD concernant le non-respect du principe de la parité dans la composition de son Bureau de coordination où la gent féminine est représentée par la seule Khadija Rouissi, la militante des droits de l’Homme.
Hassan Laghcha
Mis en ligne le 30 mai 2008